Drawing in an expended field

2010

Cadre général

La manière dont le texte, essentiellement juridique, et ses montages fictionnels, agissent sur notre rapport non seulement au réel, mais aussi à l’image et à l’art est une question qui mérite à mon sens plus qu’un intérêt: une mise en forme.
Certains textes tentent de fonder juridiquement une image. Le drapeau par exemple. Il s’agit évidemment d’un objet symbolique, qui s’origine d’une histoire, mais aussi d’un texte de lois le décrivant, et, souvent, précisant ses usages. Pourtant, malgré la rigueur des descriptions et la force contraignante de la loi, le drapeau n’est pas la simple combinaison des formes géométriques et des couleurs qui y sont définies. Il est une étoffe qui ne se déploie que sous l’effet du vent. C’est le vent qui le fait voir. Et le vent, le souffle, n’est pas passé dans l’énoncé de la loi.
La question des frontières constitue un autre point de jonction entre l’image, la forme, et la loi. Je m’y intéresse donc. Au fait que certaines disparaissent, à ce qu’il en reste, et comment ce reste continue-t-il à opérer…
Intérêt pour les marques, pour la manière dont on inscrit dans le paysage, dans le réel, des marques qui font ainsi exister une différence entre un ici et un là-bas, entre un même et un autre. La marque est à prendre de son côté le plus primaire, comme le trait gravé sur le premier caillou qui, par ce simple trait, devient irréductible à tous les autres cailloux, devient une chose qui n’existait pas avant, un caillou marqué. Et qu’à ce marquage, nul n’échappe, même et surtout s’il le souhaite. Violence de l’injonction.

Cadre particulier

Ces marques diffèrent. En fonction des lieux, des pays, des situations politiques et de la doxa qui, souvent, les organisent. En réalisant une vidéo documentaire, je travaille sur des frontières dans le cadre de la construction européenne. On y perçoit le mouvement des limites: certaines frontières, dites internes, sont abandonnées. On n’y exerce plus aucun contrôle. Pourtant les marques du passage insistent. Que devient une limite lorsqu’elle a perdu sa fonction de bord mais que le bord continue à y être marqué?
Lorsqu’un nouveau pays rejoint la Communauté européenne, son ancienne frontière commune avec elle, d’extérieure (donc fermée ou en tout cas fermable) devient une frontière interne (donc ouverte, libre). Par contre, de l’autre côté du pays, la frontière devient externe, séparant ainsi parfois des pays qui, il n’y a pas 20 ans n’étaient séparés par aucune frontière.
On construit donc de nouveaux postes de contrôle. Et ce, jusqu’au prochain élargissement.

Hors cadre

La question de la limite et de la marque est évidemment une question qui hante l’histoire de l’art et de la modernité. Peut-on s’en passer? Et surtout, y a-t-il quelque chose à y faire?
Depuis 2 siècles, l’art n’en finit pas de se sécuraliser. Tous les artifices de la coupure ont été critiqués, abandonnés (socle, cadre, châssis, galerie, matériaux « nobles », décision de l’artiste, etc..). L’art sort sans cesse du lit qu’il se creuse. Pourtant il reste l’effet d’une désignation : ceci est de l’art. Cette désignation lui vient d’une reconnaissance partagée : il faut bien qu’il reste un milieu ( ou des milieux) de l’art, pour en tenir lieu de garant. Que les centres d’art existent, qu’ils se nomment centres, témoigne de l’existence de l’art, et puisqu’il y a centre, qu’il y a milieu ou lieu cernés de bords. Ils indiquent également que ce qui y est montré en est, de l’art. Celui qui entre, qui désire entrer, pose que son désir d’y voir de l’art a des chances d’être rencontré. D’un côté, ceci maintient la limite D’un autre côté, la limite n’est posée que pour être déplacée.

Décadrée

Il y a à mettre en forme le texte qui a force de loi, donner une forme au texte instaurant les limites, au droit qui les crée, traquer la forme que prend le droit ou le droit à la forme. Cette recherche prend appui sur un film en court de montage: exit. Le film se place lui-même au bord du documentaire. A sa marge

27-06-2010


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