Installation narrative et plastique constituée de documents, de copies de documents, de photographies, de vidéos, de textes, de tissus et d’étiquettes, Classement diagonal propose des récits qui se croisent, s’enchainent, se comparent, se bousculent, coexistent, se combinent et font histoires. Les histoires du champ de la bataille de Waterloo.
Classement diagonal est un projet de recherche artistique qui a conduit a une publication (la lettre volée, Bruxelles, 2018) précédée par une exposition co-produite par le BPS 22, présentée à Charleroi dans le cadre de l’exposition Panorama, de septembre 2016 au 22 janvier 2017, sous commissariat de Nancy Casielles.
La toute première « chose » que l’État belge a souhaité protéger officiellement et juridiquement afin de s’assurer qu’elle soit conservée pour la postérité est le champ de la bataille de Waterloo. C’était le 26 mars 1914, à la veille de la première guerre mondiale.
Le classement
Les débats parlementaires de l’époque, passionnants, montrent que le champ de la bataille de 1815 peut représenter une chose et son contraire. Ainsi, si certains parlementaires estimaient qu’il fallait protéger cet immense cimetière par respect pour les morts et afin qu’on arrête d’y construire des bâtiments commerciaux pour touristes ( le Panorama de Dumoulin venait d’être construit), d’autres expliquaient qu’il fallait le garder au plus près de son état de 1815 pour que les touristes continuent à le visiter. Cette loi résulte de représentations contradictoires trouvant à se réaliser dans cette protection. Le fruit du hasard en quelque sorte.
Les reconstitueurs
Habitant le plus souvent à proximité d’un champ de bataille plus ou moins célèbre, des hommes et des femmes, prennent l’habitude de se réunir à l’anniversaire de ladite bataille, afin de participer à sa reconstitution en signe de commémoration. Ce phénomène n’est pas nouveau, mais il l’est néanmoins suffisamment par son ampleur pour que l’on s’intéresse à lui. D’une part les reconstitueurs tiennent à ne pas être confondu avec des acteurs ou des figurants, d’autre part par ils se soumettent à l’ordre du détail : les règlements militaires qui permettent une reconstitution rigoureuse. (Voir la vidéo des reconstitueurs : les détails de l’histoire)
La contingence
D’un côté, nous avons une tentative de résister à l’action du temps et ses aléas (le classement du champ de Bataille de Waterloo), d’un autre côté nous avons un intérêt pour vivre selon un modèle passé sans rien laisser au hasard (la reconstitution) et par ailleurs nous avons la contingence, le hasard, qui ne peut faire autrement que s’interpréter comme résultant d’une intention.
Les golfs
Classement diagonal met en évidence la contingence : le classement s’intéresse à la topographies du terrain, aux pentes. Comme sur les terrains de golf, dont la concentration est la plus importante de Belgique dans cette région. Les terrains sont dessinés de manière à susciter des stratégies de jeu pas très éloignées des stratégies militaires de l’époque. Par ailleurs les obstacles et modifications du terrain doivent sembler naturels. Les golfs imitent donc la nature. Les mini-golfs prennent les golfs pour modèle. Les reconstitueurs, revivent la vie des soldats et des civils d’il y a deux cents ans. Le panorama de Dumoulin, à l’origine du classement de 1914, est aujourd’hui classé. Il vise à plonger le spectateur au cœur de la bataille. Comme si vous y étiez. Comme le nouveau mémorial de 2015. Léopold II a acheté la tour japonaise et le pavillon chinois du Tour du monde de Dumoulin, peintre des colonies. Restent les villages noirs et le musée de Tervuren.
Le projet Classement diagonal s’est également décliné sous forme de conférences et d’interventions à :
- Cerisy, en 2019, dans le cadre du colloque PORTRAITS DE PAYS. TEXTES, IMAGES, SONS, dirigé par Sophie LÉCOLE SOLNYCHKINE, David MARTENS, Jean-Pierre MONTIER : Waterloo n’est pas à Waterloo
- Paris, en 2019,
La colonie, avec Philippe Dagen et Loraine Furter : Architectures coloniales pour musée décoloniaux? - Liège, en 2019, musée de la Boverie, dans le cadre de la fête de la Philo, avec Charlotte Gauvry, Qui l’eût vu ? Leçon de Wittgenstein appliqué
- Bruxelles, en 2019, L’escaut, à l’invitation d’Hic sunt, De Waterloo à Tervuren
- Saint-Etienne, en 2019, Université Jean Monet, dans le cadre du colloque VARIABILITÉ, MUTATION, INSTABILITÉ DES CRÉATIONS CONTEMPORAINES, sous la direction de Anne FAVIER & Carole NOSELLA : d’ici à là, une écologie de la traduction
- Charleroi, en 2016, grand angle, entre nature et culture
Ce projet a également donné lieu à une exposition à la lettre volée en 2018: French practice. Elle s’est construite sur le développement d’une étiquette présentée dans l’exposition du BPS22.
Voir French practice
L’exposition présentait des images construites à partir d’un montage associant la moitié supérieure des images et la bande son de « A bout de souffle » à la moitié inférieure des images et aux sous-titre de « Breathless » ; « Breathless » est le remake américain d’ « A bout de souffle ». Il date de 1983. Richard Gere y joue le rôle tenu par Belmondo dans le film de Godard, Valérie Kaprisky celui de Jean Seberg.
Articles, critiques, et étude ayant été rédigés sur ce projet: